Cette nouvelle année 2023, pour laquelle nous vous souhaitons nos meilleurs vœux, débute accompagnée d'une mauvaise résolution de La Poste : La suppression de la lettre prioritaire délivrée auparavant le lendemain de l'envoi (J+1). Malgré nos alertes sur cette dégradation sans précédent du service public postal, les médias ne réagissent que maintenant que le mal est fait. Localement, ce sont nos collègues de Seyssinet et du Grand Lemps qui vont essuyer les plâtres en servant de cobayes sur l'expérimentation déployée sur 68 sites dans toute la France. On a essayé la e-lettre prioritaire, nous l'attendons toujours après 3 jours. Continuez à signer la pétition en ligne lancée par Sud PTT en septembre dernier.
Communiqué de presse fédéral 28 décembre 2022
Alors que l'entreprise publique n'a jamais perçu autant d'argent public pour accomplir ses missions d'intérêt général (2,2 milliards d'euros pour 2020 et 2021), ses dirigeants confortés par le gouvernement continuent leur stratégie de casse du service public postal.
Coté courrier
Avec une subvention publique de 2,5 milliards d'euros sur 5 ans validée dans le projet de loi de finances, le service universel du courrier voit disparaître le courrier prioritaire à J + 1 et le reste de la gamme distribuée à J + 3. Plus de 20 000 emplois supprimés au nom des tournées réduites auront des impacts sur la présence postale à votre porte. L'alibi écologique utilisé pour vendre cette "nouvelle gamme courrier" ne tient pas une seconde dans la mesure où les avions continuent à transporter les colis de Chronopost, qu'il y ait du courrier prioritaire ou non dans la soute.
Coté bureaux de poste
Chaque année La Poste bénéficie d'une niche fiscale de 177 millions d'euros, dont les 2 tiers sont utilisés pour rémunérer les agences postales communales et autres commerçants qui remplacent les bureaux fermés. Le contribuable paie donc la transformation de son bureau de poste et le loyer de l'établissement de remplacement. Pour 2023 La poste a prévu environ 350 fermetures avec un nombre final de 6 670 bureaux de poste. On se rapproche des 4826 points de contact du réseau idéal qui répondrait exclusivement aux impératifs de profits de la Banque Postale (source ARCEP).
Coté bancaire
Pour 2023, la Banque Postale doit percevoir 303 millions d'euros d'argent public pour sa mission d'accessibilité bancaire des 1,7 million de clients fragiles qu'elle comptabilise (près de 40 % du secteur bancaire). Un chèque qui permet au gouvernement de ne pas importuner les banques de la place en leur imposant l'ouverture de comptes à toute personne qui en fait la demande.
Malgré cette subvention, la banque ne remplace pas tous les départs et les retards s'accumulent au détriment des usager-es et de la qualité de service. Comme ses consœurs, la Banque Postale se rattrape sur les frais bancaires de ces clientèles en difficulté. Par exemple, elle fait payer désormais 50€ les "actes improductifs" ou avis à tiers détenteurs infructueux, une procédure gratuite jusqu'en 2021 à la Banque Postale.
Coté colis
Le scandale de la sur-tarification des colis à destination et en provenance des territoires ultramarins perdure, notre fédération enchaîne les procédures et mobilisations pour mettre fin à cette résurgence du colonialisme. Coté tarifs douaniers La Poste se paie aussi sur la bête en prélevant une commission de 8€ sur les colis dont la taxe n'a pas été payée à l'achat. La vigilance est aussi nécessaire sur le territoire métropolitain, en effet la direction du colis envisage de mettre en place la dépéréquation géographique. Autrement dit il s'agit de faire payer les envois en fonction de la distance. Un recul historique au moins aussi grave que la fin du timbre rouge.
Avec des résultats dépassant largement le milliard et demi d'euros, le groupe La Poste a pourtant de quoi financer et améliorer un réseau postal au service de l'intérêt général au lieu d'investir près de 500 millions d'euros par an dans des acquisitions jusqu'aux Emirats Arabes Unis. L'ARCEP estime d'ailleurs son bénéfice raisonnable autour de 50 millions d'euros. Pour la présence postale au plus près des populations, le tiers de confiance numérique, le fret rapide sur rail, la réduction de la fracture numérique, etc... Les postier-es, le réseau inégalé des bureaux, l'ubiquité de La Poste aux quatre coins des territoires en font un atout unique en matière de justice sociale et écologique.
Disparition du timbre rouge décryptée par la fédération Sud PTT en vidéo :
Isère : la suppression des tournées quotidiennes de La Poste va être expérimentée à Seyssinet-Pariset
France 3 Auvergne Rhône-Alpes 7 janvier 2023
Réorganisation de la Poste avec Nicolas Jounin et Brigitte Fouré
France Inter Mercredi 18 janvier 2023 - Provenant du podcast L'invité du 13/14
Complètement timbrés !
Article du Canard Enchaîné 4 janvier 2023
La Fédération Sud PTT lance une pétition en ligne pour sauver le timbre rouge supprimé l'an prochain.
Perdre le timbre rouge, c'est perdre des dizaines de milliers d'emplois de facteurs.
La Poste projette la mise en place d’une nouvelle gamme courrier à partir du 1er janvier 2023. Cette mesure, si elle était appliquée, porterait un coup fatal au service public postal tel que nous le connaissons. Il s’agit en effet de mettre fin au « J+1 » ou courrier prioritaire affranchi avec le timbre rouge. Pour le reste de la gamme, lettre verte ou recommandé, le J+3 (distribution en 3 jours) deviendrait la norme.
Ci-dessous, une brochure de la fédération Sud PTT rétablissant un certain nombre de vérités sur la question :
Brochure Fédération Sud PTT "On se bouge pour le timbre rouge" Septembre 2022
http://www.sudptt.org/guidesd/BrochureVD/
La Poste projette la mise en place d’une nouvelle gamme courrier à partir du 1er janvier 2023. Cette mesure, si elle était appliquée, porterait un coup fatal au service public postal tel que nous le connaissons. Il s’agit en effet de mettre fin au « J+1 » ou courrier prioritaire affranchi avec le timbre rouge. Pour le reste de la gamme, lettre verte ou recommandé, le J+3 (distribution en 3 jours) deviendrait la norme.
Cette décision participe de la stratégie de désengagement de La Poste. Elle mène une politique de terre brulée depuis des années sur le réseau des bureaux de poste, la distribution ou les services financiers. Concernant le courrier, on citera le passage à J+2 des recommandés, la vente forcée de la lettre verte, tant au guichet que dans les automates où le “timbre rouge” a été purement et simplement éliminé. On pourra aussi citer la suppression de nombreuses boites jaunes (-30% en 10 ans). La politique tarifaire a aussi participé de la désaffection du timbre rouge avec une hausse de 33% ces trois dernières années.
Pour ses dirigeants comme pour ses actionnaires (l’Etat et la Caisse des Dépôts), La Poste doit se transformer en une machine à cash, quoi qu’il en coûte à la collectivité.
Cette brochure rétablit un certain nombre de vérités. Partant de l’exemple du J+1, elle entend éclairer le débat et donner des arguments pour contrer ce qui serait un recul sans précédent du service public postal.
Le J+1, tout un symbole !
La lettre prioritaire (J+1) représente tout un symbole, celui de la qualité de service puisque près de 89 % de ces lettres sont effectivement distribuées le lendemain. C’est un marqueur fort de la communication et de la culture sur tous les territoires, l’image du service public est fortement associée au passage des facteur·ices 6 jours sur 7.
La Poste propose de substituer au courrier physique en J+1, un courrier numérique qu’elle imprimera et distribuera le lendemain. Il s’agit en fait d’un « courriel imprimable », dénué de toute confidentialité, qui sera facturé 1,49 € soit 3 cts de plus qu’un courrier classique.
La Poste aggrave la fracture numérique
La dématérialisation proposée a des inconvénients majeurs car elle fermera une réelle option pour les personnes ayant des difficultés avec le numérique. Le Défenseur des droits est clair dans son rapport de 2019 « Dématérialisation et inégalités d’accès aux services publics » : «aucune organisation administrative, aucune évolution technologique ne peut être défendue si elle ne va pas dans le sens de l’amélioration des droits, pour tous et pour toutes ».
Et plus spécifiquement le rapport recommande d’«instaurer le principe de l’envoi sous forme papier des notifications d’attribution, de suppression ou de révision de droits comportant des délais et des voies de recours, sauf si la personne consent expressément et au préalable aux échanges dématérialisés.»
Une dégradation générale du service public postal
La nouvelle gamme mettrait en place un nouveau standard unique en termes de délais : le J+3. Il s’agit de faire rentrer dans les mentalités que c’est « mieux », avec des sondages assez bidonnés puisqu’ils avancent qu’une « majorité de clients manifestent un intérêt pour le J+3 ». 3500 entreprises, 3500 professionnels et 15 000 particuliers ont été sondés. Et sans aucune précision, on ne sait pas qui est plutôt intéressé par le J+3.
Quand La Poste a passé le recommandé de J+1 à J+2 en 2012, elle affirmait que les consommateurs l’approuvaient largement. Nous avions obtenu l’étude de la Direction générale de la compétitivité de I’industrie et des services (DGCIS) sur le sujet.
Elle donnait un tout autre son de cloche, à savoir que 68% des professionnels et 46% des particuliers souhaitaient un service d’envoi recommandé en J+1. C’est un fait, une majorité des utilisateurs privilégiait le recommandé en J+1 !
Bienvenue dans la gastéroposte !
En passant tout le courrier en J+3, La Poste a le culot d’annoncer un même niveau de qualité de service avec des objectifs soi-disant en hausse pour 2023. En réalité, l’ambition est de grapiller seulement 1 ou 2 points de qualité de service, à l’exception de la nouvelle e-lettre rouge. Pour cette dernière, La Poste souhaite augmenter de 10 points la qualité de service par rapport à la lettre prioritaire actuelle. C’est un minimum pour un mail imprimé.
Le facteur sonne toujours deux fois... par semaine !
Évidemment quand vous voyez passer le facteur ou la factrice sans qu’il s’arrête à votre domicile, vous pensez qu’il n’a pas de courrier pour vous. Eh bien, vous avez tort ! Parce que La Poste a développé un concept technocratique pour supprimer de l’emploi : la distribution pilotée !
En clair, tant que vous n’avez pas de courrier urgent (le J+1qu’ils veulent supprimer) ou un journal quotidien, le facteur ou la factrice ne vous distribuera vos autres plis qu’au moment où le délai de distribution arrive à son terme. Exemple : vous avez un courrier publicitaire adressé dont le délai de distribution est de 5 jours, il ne vous sera distribué que lorsque ce délai arrive à son terme. Mais si, entre temps, vous avez un courrier urgent, alors la factrice ou le facteur s’arrêtera à votre domicile pour distribuer le tout !
L’intérêt pour la direction de l’entreprise ? La factrice ou le facteur s’arrête moins souvent et quand iel s’arrête, iel dépose plus de courrier dans votre boîte. Et moins d’arrêts, c’est moins de temps... et donc moins d’emplois !
Avec le J+3 et la fin du J+1, la direction pourra supprimer encore plus d’emplois... car en moyenne, la factrice et le facteur ne passeront plus que deux fois par semaine !
La Poste : « pas de concurrence pas de service ! »
La Poste réduit considérablement les délais de distribution du colis et fait de plus en plus du J+1. Il faut dire que la concurrence fait rage sur ce marché avec notamment Amazon ! Pour les mêmes raisons de concurrence, elle a développé le service Chronopost dans le domaine de l’express, avec distribution le lendemain matin en « chrono 13h00 ». Or, pour la lettre urgente (J+1), elle s’apprête à fermer le service car elle sait qu’elle ne prend aucun risque vis-à-vis d’un concurrent potentiel ! C’est quand même un paradoxe de taille : on répond à une demande de distribuer de plus en plus vite sur certains marchés et La Poste supprime la lettre prioritaire !
Passer par Chronopost, ça coûte au minimum 14,90 euros... Son argument sur les économies potentielles (environ 120 millions d’euros) est absurde alors que La Poste fait 2 milliards de bénéfices en 2021. D’ailleurs, l’État a annoncé en 2021 le versement d’une aide de 520 millions d’euros au titre du service universel postal. La Poste tape donc sur le service public l’année même où l’État augmente sa contribution. Par ailleurs, s’il s’agit de faire des économies, rien n’empêche de
transporter les lettres et les colis dans les mêmes camions et, ainsi, mutualiser les coûts...
Un incendie volontaire
Cette nette dégradation de la gamme courrier se fait avec l’accord de la tutelle de l’État et de la Caisse des Dépôts, son actionnaire principal.
Les missions de service public de La Poste sont considérées comme un fardeau par la direction qui mène une politique de terre brulée : 500 fermetures de bureaux de poste annuelles, la baisse de la qualité des services rendus par la Banque Postale en mettant les clientèles défavorisées sur des voies de garage, la destruction de milliers de boites aux lettres de rues, la distribution de courrier qui est loin de respecter le 6 jours sur 7.
Il est grand temps de stopper cette dérive et de réorienter l’opérateur public vers l’intérêt général, à fortiori quand les résidences principales et donc les points de distribution du courrier connaissent une croissance moyenne de 0,5% par an depuis 2011.
Régulation et contrôle public : aux abonné·es absents
La décision unilatérale de remettre en question la gamme courrier ne devrait en fait pas dépendre de La Poste qui est là pour accomplir sa mission de service public. Il n’y a eu aucun débat public sur le sujet, pourtant il doit se tenir le plus largement possible et avec toutes les parties.
- Le régulateur des activités postales, l’ARCEP, est d’une passivité remarquable sur les questions qui relèvent de l’intérêt général comme la qualité de service ou encore la sur-tarification des colis vers l’outre-mer. Il a émis un avis favorable en juillet 2022 sur la nouvelle gamme courrier qui prend pour argent comptant les assertions de La Poste sur les attendus des usager·es.
L’ARCEP n’a lancé aucune consultation sur ce qui peut constituer la plus grande dégradation que le service public postal ait connue, aucune étude d’impact sur les usager·es, l’emploi, la qualité des prestations en tout point du territoire.
Pourtant, cette autorité de régulation a lancé dans le passé de nombreuses consultations sur des sujets aussi variés que la compatibilité postale ou encore la proposition d’un tarif minimum pour la livraison des livres. - La Commission Supérieure du Numérique et des Postes n’a rendu aucun avis, en fait elle n’a effectué aucun travail sur la fin du J+1 et la nouvelle gamme courrier. Historiquement, cette commission composée d’élu·es et de technocrates, consultait les parties prenantes à chaque évènement
marquant pour le monde postal. A ce jour, ni associations, ni syndicats n’ont été entendus. - Le gouvernement. La première allusion au J+3 généralisé est issue d’un communiqué de presse du Premier ministre Jean Castex lors de l’édition du Comité de suivi du contrat État-Poste en juillet 2021. Le Premier ministre s’est largement appuyé sur le rapport de la «mission Jean Launay», commanditée par le ministère de l’Économie. M. Launay aurait procédé à une « large consultation » des parties prenantes, il n’a en fait consulté aucune organisation de consommateurs, aucune organisation syndicale ou
association de défense des usagers.
L’avenir du service public postal ne peut se décider dans des cercles fermés, il faut mettre le débat sur la place publique.
La grande menace sur l’emploi
Lors du Conseil d’administration de juillet 2022, la direction de La Poste a annoncé qu’il n’y aura pas de suppressions massives d’emplois. Ce qu’il faut retenir, c’est bien le « massive » qui induit que des suppressions
auront lieu.
A force de réorganisations dans la distribution et de massification des activités sur des sites industriels, rappelons que la branche courrier a connu plus de 73 000 suppressions de postes depuis 2005.
Plus de 20 000 emplois dans la balance
L’impact sur la distribution 6 jours sur 7 des facteur·trices et sur les personnels des centres de tri sera inévitable, voire aggravera des situations qu’on connaît actuellement avec des distributions 3 jours sur 6 en fonction des moyens alloués. Les documents fournis pour présenter la nouvelle gamme courrier ne laissent aucun doute avec «l’étalement des flux» où les quartiers lettres seraient distribués en deux phases de trois jours. L’impact sur l’emploi est simple à démontrer : pour faire du 6 jours sur 7 sur 10 tournées, il faut 11 titulaires. Pour trois jours de distribution, on tombe à 8 titulaires. Une simple règle de trois appliquée aux 74 000 agents affectés à la distribution donne une idée du niveau des suppressions d’emploi : 20 182.
Ajoutons à cela les suppressions du coté des 9 000 agents des plate-formes de tri qui vont ralentir artificiellement les cadences et vacations pour passer de J+1 à J+3 dès le 1er janvier 2023.
Omerta de La Poste sur l’emploi
La direction de La Poste reste mutique sur les impacts sur l’emploi et sur le moral des personnels. Les relations sociales avec les usager·es, les modifications quotidiennes d’itinéraires, généreront pourtant une charge mentale considérable, il y aura des risques routiers accrus, etc... Sud PTT a rappellé aux dirigeants de La Poste les effets désastreux de la précédente
réforme du métier «Cap Qualité Courrier», qui a généré une immense souffrance au travail émaillée de drames humains.
Cette sombre période a été conclue par la tenue de la «commission Kaspar» en 2012 qui a finalement fait le constat, évident, qu’on ne pouvait imposer le changement sans réfléchir aux conséquences humaines et sociales. Depuis La poste n’a pas changé son fusil d’épaule, ce qui a conduit à une nouvelle crise sanitaire et sociale en 2016.
La direction comme le gouvernement, qui soutient la réforme, a la mémoire courte : il est absolument nécessaire que des expertises soient faites sur les impacts que générerait la nouvelle gamme courrier. Plus de 100 000 personnes sont concernées.
Parlons argent !
En juillet 2021, lors du comité de suivi du contrat de service public entre La Poste et l’État, le Premier ministre a alloué une enveloppe d’1,5 milliard d’€ d’argent public sur trois ans pour permettre à La Poste d’absorber les effets de la baisse du courrier.
Cette enveloppe ne remplit donc pas son objectif puisque La Poste supprime sa gamme de courrier prioritaire et dégrade la qualité de service des autres produits.
La direction est habituée à détourner les fonds publics destinés à maintenir le service public postal. L’exemple de la présence postale est parlant. Les 175 millions d’€ dont elle bénéficie lui servent à payer les loyers des agences postales et relais poste alors que cet argent devrait servir à garder les « vrais » bureaux de poste. Et même à en réouvrir !
Ce n’est pas au contribuable de payer pour la disparition de son bureau de poste, pas plus qu’il ne devrait payer pour la fin du J+1.
Des profits au service de qui ?
La question des profits et de leur utilisation doit être posée. Depuis l’accélération de la diversification de ses activités « concurentielles » en 2000, la stratégie de La Poste a toujours visé le renforcement des résultats pour soit-disant assurer la pérennité de ses missions de service public.
Pour Sud PTT, autant investir directement dans l’amélioration et le maintien du service public postal, plutôt que de financer la croissance du groupe à l’étranger. Les investissements très importants de celui-ci dans ses opérations de croissance, loin de profiter à la collectivité, sont très discutables quand ils concernent des marchés où les droits sociaux et écologiques sont constamment bafoués. Par exemple, ces dernières années : achat de BRT, le Chronopost italien, pour 1 milliard et plusieurs centaines de millions d’€ investis chez ARAMEX, principal opérateur d’express et logistique du Moyen-Orient, basé aux Émirats Arabes Unis, paradis du bien-être social et de l’écologie.
Le gouvernement et le président de La Poste rejettent désormais l’idée de financer les missions de service public par la marge des activités commerciales.
La prise de contrôle de la majorité des actions de La Poste par la Caisse des Dépôts a aussi eu un effet important sur les dividendes que le groupe remonte aux actionnaires puisqu’ils dépassent désormais les 700 millions d’€ en 2021. Dans le genre schizophrène on ne fait pas mieux, c’est presque le montant des aides d’État pour le courrier et le réseau des bureaux de poste...La question de l’usage des bénéfices du groupe public ne peut pas être laissée à l’appréciation de capitaines d’industrie ou de banquiers qui n’ont que faire du service public.
L’alibi écolo qui nous a bien fait rigoler
En tête des argumentaires pour le changement de la gamme courrier, La Poste cite : « Depuis 15 ans La Poste est un fer de lance de la transition écologique et énergétique ». Qu’on en juge :
Les émissions de CO2 liées aux transports de La Poste depuis 15 ans ont crû de 110%, soit le double de la croissance du chiffre d‘affaires puisque les ventes du groupe sont passées de 20,3 milliards d’€ en 2006 à 31 milliards en 2021 (53% de croissance).
Les bobards de La Poste
Se servir de l’alibi de la fin du J+1 est d’autant plus indigne que la majorité des émissions vient du choix du tout-routier et de la sous-traitance exacerbée qui sont un parti pris du groupe La Poste. Les « 60 000 tonnes » d’émissions de C02 censées être économisées via la suppression du J+1 ne
représenteraient que 2,8% des 2,12 milions de tonne équivalent carbones émises par les transports du groupe en 2021.
Par ailleurs, il est faux de dire que les lignes acheminant le J+1 seront «supprimées». Elles sont indispensables à Chronopost dont la croissance avoisinne les 20% par an. La direction a refusé de nous donner le volume d’envois prioritaires qui prenaient l’avion lors d’une réunion sur le sujet en septembre 2022.
On n’invente rien, c’est dans le rapport sur la responsabilité sociale et environnementale 2021 (RSE) : « La croissance de l’activité logistique, et notamment du volume des colis, qui entraîne une augmentation du kilométrage de transport longue distance, et un accroissement des moyens de livraison, expliquent l’augmentation des émissions en 2021
pour près de 240000 tonnes, soit 80 % de l’augmentation ».
Une stratégie clairement écocide
On se doit de revenir sur le « péché originel » de la politique environnementale de La Poste avec une très large responsabilité de l’État. Politique enterinée par la décision de 2006 de vendre la compagnie Europ Airpost pour passer les volumes de courrier, colis et presse urgents de l’avion au fret sur rail à grande vitesse. L’opération devait se dérouler sous la direction d’une co-entreprise qui a arrêté toute activité dès 2008.
Résultat des courses, La Poste a versé plus d’un milliard d’€ depuis 2008 à son ex-compagnie aérienne. Et plus un pli ne prend le train !
Le choix du tout-routier s’est imposé et pollue gravement malgré le faux-nez des véhicules électriques ou du rachat de carbone sur les marchés financiers.
Par ailleurs la politique externe de croissance dans le colis express ne comporte aucune clause environnementale, on en veut pour preuve l’acquisition d’ARAMEX aux Émirats Arabes Unis citée plus haut.
Plus près de nous, il faudrait que La Poste nous explique pourquoi elle ferme la plateforme de Bonneuil-sur-Marne qui était présentée comme le prototype du « multimodal écologique », doté de voies ferrées, et en bord de Seine. Aujourd’hui, l’herbe à recouverts les rails, les péniches sont restées à quai...
La question de la baisse du CO2 trouverait une solution intelligente en rétablissant un réseau de transport adossé au rail alors que les TGV Postaux ont été supprimés.
D’ailleurs, sur chaque ligne à grande vitesse de France le premier train de la journée teste les voies en roulant à vide, étonnant non ?
On passe à l’action !
On le voit, la refonte de la gamme courrier concentre de nombreuses questions sur l’avenir du premier service public de proximité. Social, emploi, écologie, service public, qui doit décider de la portée, de l’avenir des missions de La Poste? Quels sont les besoins de la collectivité et les moyens qu’une multinationale publique doit leur consacrer ?
Il ne s’agit pas de savoir ce que la collectivité peut faire pour que La Poste dégage des profits mais ce que La Poste doit faire pour satisfaire l’intérêt général et les besoins sociaux.
Comme quand il s’est agi de privatiser La Poste en ouvrant son capital à des opérateurs privés, nous considérons que ces questions doivent faire l’objet de débats publics, comme à l’occasion de la votation citoyenne qui a recueilli plus de 2,3 millions de signatures en 2009. A l’époque, un collectif de plus de 60 organisations syndicales, associatives et politiques avait porté la lutte contre la privatisation.
La nécessité d’une mobilisation unitaire des postier·es et de la population est tout aussi vitale aujourd’hui.
Sud PTT compte bien contribuer à sa construction.
Quelques liens pour aller plus loin :
Rapport Launay en mai 2021
https://www.economie.gouv.fr/remise-rapport-launay-mutations-service-universel-postal
Jean Castex et financement SP en juillet 2021
https://www.lapostegroupe.com/fr/actualite/le-premier-ministre-annonce-les-modalites-de-financement
Arcep 2 juin 2022 relatif à une modification du catalogue des prestations du service universel postal
https://www.arcep.fr/uploads/tx_gsavis/22-1139.pdf
ARCEP le 12 juillet 2022 sur tarifs 2023
https://www.arcep.fr/uploads/tx_gsavis/22-1457.pdf
La poste annonce la fin du J+1 : Cela préfigure un plan de casse social !
Communiqué de presse Fédération Sud PTT, Juillet 2022
La direction de l’entreprise vient d’annoncer ce que sera sa future gamme à compter du 1er janvier 2023.
Il en ressort clairement la décision de supprimer le J+1 « papier », remplacé par une e-lettre hybride. Le J+2, la lettre verte créée en 2011, a lentement mais sûrement phagocyté le J+1.
Place maintenant au J+3 ! L’écologie étant appelée en renfort pour justifier ce projet d’ampleur, rappelons les suppressions successives des TGV postaux et la fermeture pour début 2023 du centre de Bonneuil PFL. Ce centre devait être à l’origine la vitrine écologique du groupe en tant que hub multimodal accueillant fluvial, ferroviaire et routier. Notre fédération a toujours milité pour renforcer le trafic ferroviaire, aujourd’hui basculé massivement vers le camion !
Les usagers, oubliés de ce projet
La communication de la Poste dit tout des raisons de cette nouvelle gamme : « En recentrant les solutions d’envois autour du délai J+3, qui répond à la majorité des attentes, La Poste va pouvoir optimiser son réseau de traitement ainsi que son réseau de transport grâce à la « détente » de la chaîne logistique. Ces économies sont indispensables pour maintenir le service universel postal auquel les Français sont très attachés. »
Passons sur les attentes des usagers puisqu’on a vu comment la Poste a délibérément saccagé le J+1 à l’apparition de la lettre verte en 2011. L’ARCEP avait elle-même dénoncé le retrait des automates et des DAB du timbre prioritaire, des remises supérieures en pourcentage aux débitants de tabac et autres revendeurs à celles du timbre «rouge», «l’absence organisée» aux guichets du même timbre prioritaire.
Une offensive contre les postier·es
Pour le personnel du réseau de traitement et de la distribution, la « détente » va occasionner des réorganisations, des modifications d’horaires et des suppressions d’emplois en masse.
Pour ne prendre que l’exemple des Pics et du réseau transport (près de 11000 agents), la « détente de la chaîne logistique » pourrait aboutir à des fermetures des centres aux alentours de 20 heures, voire encore plus tôt. A la distribution, le passage au samedi sur deux il y a quelques mois a déjà bien dégradé les conditions de travail. Nul doute que la direction de l’entreprise va utiliser cette « nouvelle gamme » pour rationaliser l’outil de production.
Ironie de l’histoire, une réunion réunissant direction et syndicats est prévue de longue date sur ce sujet mardi 26 juillet. Le document préparatoire envoyé il y a plusieurs jours ne donnait même pas le détail de cette nouvelle gamme présentée au coeur de l’été. Les méthodes ne changent décidément pas !
La fédération SUD PTT a immédiatement demandé le gel de toutes les réorganisations engagées.
La fédération SUD PTT appelle le personnel à se mettre en état d’alerte pour préserver ses conditions de travail et ses horaires face à ce qui ressemble à un vaste plan social !